Acupuncture & Neurophysiologie : Synthèse utile en pratique clinique
- Serge Romanato

- 15 sept.
- 2 min de lecture

L’acupuncture fonctionne. Cette simple affirmation est aujourd’hui validée non seulement par des millénaires de pratique, mais aussi par la science moderne. Pourtant, il reste un malentendu fréquent : celui d’un « fossé » entre la médecine chinoise et la médecine occidentale. En réalité, ces deux visions peuvent se compléter avec intelligence, pour une meilleure compréhension du corps, de la douleur… et du soin.
Ce que la science nous dit aujourd’hui
Des recherches en neurophysiologie ont permis de mieux comprendre comment agit l’acupuncture sur le système nerveux. Voici ce que l’on sait :
1. L’acupuncture stimule des fibres nerveuses spécifiques
Quand on insère une aiguille dans la peau, on active des terminaisons nerveuses :
Les fibres Aδ, rapides, transmettent des signaux de piqûre ou de chaleur,
Les fibres C, lentes, sont responsables de douleurs sourdes et profondes.
Cette stimulation déclenche une réponse cérébrale et médullaire complexe qui modifie la perception de la douleur, régule les émotions, et rééquilibre le système nerveux.
2. Effet “porte” et modulation de la douleur
La théorie du “Gate Control” montre que les signaux douloureux peuvent être freinés au niveau de la moelle épinière, si d'autres types de fibres nerveuses sont activées en parallèle (comme celles touchées par l’acupuncture). Résultat : la douleur est diminuée naturellement, sans médicament.
3. Action sur le cerveau et les hormones
Des études ont montré que l’acupuncture stimule des zones cérébrales liées à la douleur, aux émotions et au stress, comme :
L’hypothalamus,
Le système limbique (amygdale, hippocampe...),
L’hypophyse, qui libère des substances comme les endorphines, la mélatonine, ou encore l’ACTH (régulation du stress).
Et la médecine chinoise dans tout ça ?
Dans la vision traditionnelle chinoise, on parle de Qi (énergie), de méridiens, de vide ou de stagnation, de Foie, Rate, Rein en tant que fonctions énergétiques.
Ces notions peuvent sembler éloignées du vocabulaire médical moderne, mais elles traduisent des observations cliniques cohérentes :
Une stagnation du Qi est souvent un blocage tissulaire ou nerveux,
Un vide de Qi correspond à une hypo-activation du système nerveux ou immunitaire,
Le Foie est lié à la régulation du stress, le Rein à la fatigue profonde, la Rate à la digestion et à l’immunité.
Aujourd’hui, on comprend que les points d’acupuncture se situent souvent là où des nerfs percent les fascias, à proximité de structures importantes pour la régulation du corps.
En pratique au cabinet
Quand j’utilise l’acupuncture dans ma pratique, je combine les deux approches :
Une lecture énergétique : choisir les points selon les méridiens, les saisons, le bilan chinois.
Une lecture moderne : comprendre l'effet sur le système nerveux, les viscères, le stress, la douleur.
Par exemple :
Pour les troubles digestifs, je stimule certains points reliés aux intestins par voie nerveuse,
Pour la douleur lombaire, je travaille sur les nerfs sensitifs et les fascias,
Pour les insomnies, je régule l’axe hypothalamo-hypophysaire et calme le système limbique.
Conclusion
Il n’y a pas de contradiction entre tradition et science. L’acupuncture agit à plusieurs niveaux à la fois : corporel, nerveux, émotionnel, énergétique.
Ce que la tradition a observé, la science commence à l’expliquer.
Et surtout : ce qui compte, c’est que ça fonctionne.C’est ce que je vois chaque jour dans ma pratique, auprès des personnes que j’accompagne.









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